Hermann Broch


Zerline | 2009

Création au festival d'Almada (Portugal)

Mise en scène Robert Cantarella
Décor et lumière pour le Festival d'Almada Laurent P. Berger

Avec Thérèse Crémieux

Une servante, Zerline, pousse une porte d’un salon dans lequel un jeune locataire se prépare à faire une sieste. Elle ne veut pas le déranger, mais elle tient à le prévenir de la machinerie qui se prépare dans la maison où il loge. On veut le marier et il doit être prévenue des dangers qui le guettent. Avec précaution et détermination, Zerline commence à raconter une partie de sa vie en lien avec les « monstres » qui vivent ici. Et son histoire d’amour fou devient le moteur de son récit. Comme hier, et pour toujours la brûlure est encore vivante au présent du corps qui le délivre, encore et encore.

Ce récit est un extrait du roman de H.Broch Les irresponsables. C’est sans doute un des plus beaux textes sur la passion amoureuse, ses détours et explosions intimes.

Il y a trois ans nous avons décidé avec Thérèse Crémieux de commencer un travail de répétitions qui consistait dans un premier temps à lire. La première étape faisait entendre le texte dans un dispositif minimal, comme un oratorio du récit. On y entendait le ressassement infini de cette femme, de cette servante, revivant une histoire d’amour avec une précision de chirurgien quant au déroulement de sa passion, ancienne et fumante encore. Nous avons alors pris la décision de continuer l’exploration de cette parole donnée à haute voix en faisant la mise en scène de l’aveu de Zerline. C’est en faisant la cuisine qu’elle trouvait la bonne scansion, le bon battement et le rythme de livrer l’impudeur de son histoire. La cuisine réalisée en direct sur le plateau pendant le spectacle était proposée à la fin aux spectateurs qui assistent en direct à la décoction de la cuisine intime. Puis nous avons continué à explorer les façons d’organiser le plateau en relation avec ce texte que la comédienne maîtrise parfaitement, comme un musicien qui livrerait des variations à partir d’une partition connue à la perfection.

C’est cela que nous proposons sur la scène. Dans le lieu qui nous accueille nous présentons la déclaration d’amour de Zerline dans une cuisine sommairement organisée, mais suffisamment équipé pour réaliser un plat, alors que la langue se dévide en un raffinement exceptionnel. Nous donnons à entendre l’aveu du sublime au milieu du prosaïque, de l’ordinaire de la vie quotidienne, faisant d’un oratorio une musique de chambre et pour finir un opéra intime sur l’amour.

Untitled from Robert Cantarella on Vimeo.