Aura compris

De 2002 à 2009.

Le terme d’aura compris me vient alors que je cherche comment donner une forme de représentation à une question : Comment se souvient la mémoire ? En assistant à la détérioration d’une mémoire humaine, celle de mon père, je tiens le relevé des chutes dans l’oubli, et des restes. L’aura reste accrochée à la chose le temps de sa remémoration, parfois c’est elle, l’aura, qui reste, et la chose a disparu du répertoire des objets connus ou reconnus. Je devine et j’interprète. Etant donné la chose que je montre, l’aura le comprend bien, surtout si la chose disparaît. Alors la petite phrase d’aura compris devient le dénominateur commun d’une série basée sur deux textes qui m’aident à réfléchir :

« La mémoire n’est pas une propriété de la conscience, mais la qualité qui distingue le vivant de la matière inorganique. Elle est la capacité de réagir à un événement pendant un certain temps ; c’est-à-dire une forme de conservation et de transmission de l’énergie, inconnue du monde physique. Chaque événement agissant sur la matière vivante y laisse une trace. L’énergie potentielle conservée dans ces traces peut être réactivée et déchargée dans certaines conditions. On peut dire alors que l’organisme agit d’une certaine manière parce qu’il se souvient de l’événement précédent. » (d’après Aby Warburg)

« La vitesse est une matière. Je sais quand j’aurai un souvenir de vitesse avant d’avoir passé un virage. Tout devient de la matière, de la consistance, alors à ces moments-là je déroule le souvenir de ce qui va arriver et je n’ai plus qu’à refaire la même chose. La mécanique autour de moi est une autre matière qui prolonge mon corps. Une fois au Brésil j’avais fini bien avant l’arrivée. » (d’après Niki Lauda)

Alors depuis plusieurs années, j’explore avec des personnes, publics, artistes, les formes que la représentation de la mémoire peut prendre : images publiques, films, figures. Pour cela, je restitue, je refais de mémoire les cadres, je fais un film, je le détruis, je dis les textes sur des images, je sépare la voix de la bouche, j’improvise.

A partir du cinquième Aura compris je donne les images, les films, textes et aussi ma personne, à d’autres artistes pour continuer la mise en forme de la question initiale.